"Ô faites que jamais ne revienne
le temps du sang et de la haine
car il y a des gens que j'aime
à Göttingen, à Göttingen
Et lorsque sonnerait l'alarme
s'il fallait reprendre les armes
mon cœur verserait une larme
pour Göttingen, pour Göttingen."
Barbara. Göttingen
Pourquoi aimer l'Armistice, ce "silence des armes" entre les
nations si ce n'est parce qu'il nous incite aussi à faire taire la haine
qui se terre en nous. Quand en 1964 Barbara accepte sans enthousiasme
de chanter dans la petite ville de Göttingen (Basse-Saxe), encore
profondément marquée par son enfance juive cachée dans un Paris occupé,
elle nourrit une rancœur sourde vis-à-vis de l’Allemagne. Le récital
faillit ne pas avoir lieu parce que la chanteuse joue les coquettes, invoque mille motifs
pour se plaindre, exige un piano demi queue noir à la place du vieux
piano droit, orné de deux chandeliers, de la petite salle de concert.
Manque de chance : ce jour-là, les déménageurs de pianos sont en grève,
impossible de faire venir un autre instrument. Enthousiastes, quelques
étudiants lui en dénichent un, qu'ils amènent à bras. Barbara observe,
s'émeut de cet amour gratuit et donne son concert, notant dans ses
mémoires que "la soirée a été magnifique, mon contrat est prolongé de
huit jours" et écrit le premier jet de Göttingen. Chanson de
réconciliation et de pardon qui signe l’Armistice entre elle et
l’Allemagne, entre elle et son passé, entre elle et elle. Elle
l'interprète le dernier soir dans une version imparfaite mi-parlée
mi-chantée chargée d'émotion partagée.
Lu dans:
Barbara. Göttingen. Paroles Serf Monique Andrée. Album Le Mal de vivre (1965) et Barbara singt Barbara (1967)
Barbara. Göttingen. Paroles Serf Monique Andrée. Album Le Mal de vivre (1965) et Barbara singt Barbara (1967)
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