Contre vents et marées envers et contre tout
j'ai chevillé dans le cœur un rêve de bonheur
un jour nouveau qui se lève
un geste un regard un mot un ami qui vient
deux arbres dressés dans le ciel la lune et la nuit
deux amoureux dans un champ
une fille qui revient d'un voyage très loin."
François Bérenger. Tous ces mots terribles.
S'il ne me fallait garder que deux dates dans l'année, ce seraient
le 30 juin et le 1er septembre. Sentinelles entre deux mondes
juxtaposés, qui me furent aussi heureux l'un que l'autre: celui d'un
espace vierge à découvrir en toute liberté et celui du monde extérieur
avec ses règles dans lesquelles on s'insère. Chaque 30 juin réveille en
moi un rêve de bonheur , d'un jour nouveau qui se lève et se répétera
inlassablement deux mois durant. Il y a longtemps que je n'ai plus jeté
de cahiers au feu, ni remercié de professeur, et pourtant la magie
demeure. J'interrogeai un jour mes enfants sur leur motivation à prendre
la route à vélo, hors de tout confort et de toute sécurité, pour de si
longs mois. "Pour la griserie de l'horizon inconnu qui se déroule devant
nous le matin, à découvrir sans modération." C'est ce qui me fait
chaque année le 30 juin vous laisser deux longs mois sans café ni
journal, sans toutes ces balises rassurantes que sont vos réactions
amicales, pour connaître la seule griserie de ce vaste espace libre et
désert. Il importe que nous retrouvions des rythmes dans l'année, une
respiration après cette longue chronique quotidienne du Covid-19, un
moment pour activer la touche étoile, celle qui nous met en pause mais
nous fait aussi rêver à ce qu'étaient nos grandes vacances à l'âge où le
vélo était à lui seul une autoroute. Il manquera quelque chose, mais
que remplacera chaque matin le tintement d'une sonnette de bicyclette,
le chant d'un merle, l'étude hésitante d'un Czerny au piano d'une petite
voisine, tous ces instants modestes qui font de nos journées d'été une
école à part entière. Bonnes vacances à ceux qui peuvent en bénéficier,
on se retrouve en septembre.
Lu dans:
Béranger en public 98. Tous ces mots terribles.
Double CD Futur Acoustic CD 0399
1 commentaire:
Surprise, heureuse surprise de trouver chez vous des mots de François Béranger, tant écouté autrefois !
Ce sont des dates-clés, oui, même quand on n'est plus élève ni prof, ce sont les vraies dates de l'été. Très bonnes vacances à vous.
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