"Nous sommes tous, en un certain sens, des locataires des lieux que nous habitons. Habitants provisoires de ces lieux qui ne nous appartiennent pas et auxquels nous relient des sentiments parfois profonds, mais aussi parfois éphémères. Même si des liens existent avec les lieux où nous avons grandi et vécu, liens créés par les habitudes, par l'accumulation des histoires et des émotions, nous ne pouvons pas nous identifier totalement avec ces lieux. Habiter, c'est faire et défaire des mondes à l'intérieur d'autres mondes, sans cesse."
Michel Agier.
Rentrer chez soi, la clef dans la serrure familière,
l'interrupteur juste après la porte qui rend la lumière, l'odeur
ancienne de l'escalier mille fois gravi. Chez moi, l'endroit où je
me pose, où je suis moi. Comment imaginer qu'un jour chez moi sera
habité par d'autres, dans les mêmes murs, face aux mêmes arbres,
le même escalier en colimaçon débouchant sur la même pièce d'eau.
Chez moi poursuivra son existence comme si rien n'était, comme si
rien n'avait été. On entendra rire des enfants, comme si le rire
avait une vie propre, témoin passé de génération en génération
entre personnes qui ne se connaîtront jamais. Et moi où serai-je?
Lu dans:
Michel Agier. Campement urbain. Payot et Rivages. 2013. 132 pages. Extrait p. 107
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