"A l'heure du coucher
Replier le journal
Feu le journal, feu la journée."
extrait d'un texte d'Antoinette Dalcq
Écoulée dans le sable anonyme de la vie ou quotidien enchanté? Les
heures partagées ne se perdent pas, ma journée a croisé des immortels.
Moments d'écoute d'une détresse, création de montages floraux beaux à
couper le souffle, emplettes hebdomadaires de la vieille voisine ou de
la grand-maman, patience au téléphone, harmonie des gestes du jardinier,
de la tailleuse de robes de mariée, magie de l'homme à tout faire qui
répare comme il respire. Les heures prélevées sur notre capital de vie
et données sans réserve comptent double: tout ce qui n'est pas donné est
perdu, et ce don n'est pas triste. En visite dans une maison de
retraite hier matin, je me laisse bercer par une mélodie connue; un
pensionnaire joue du piano dans le hall d'entrée et le bâtiment entier
résonne de ses notes. Soudain cette maison, habituellement assoupie,
paraît revivre, et lui aussi. Le quotidien n'est ni bon ni mauvais, mais
original.
Lu dans:
Antoinette Dalcq. Nommer les choses comme Adam. Ed. J.Dieu-Brichart. 1340 Ottignies Louvain-la-Neuve. 1988. 56 pages.
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