"C'est effrayant comme la vie se complique quand on la veut simple."
André Baillon
Comment s'en dégager? A chaque jour son lien neuf, séduisant par les
possibilités promises de contacts, de services, d'accès à la
connaissance. A chaque objet sa connexion, à chaque proche son adresse
mail, devenue une véritable identité remplaçant utilement les
traditionnels nom, prénom, adresse et date de naissance. Une si douce
servitude dont les contraintes cachées et multiples ne nous apparaissent
presque plus, parsemant notre existence de petites poses paisibles se
substituant à la cigarette. On s'en libérerait bien, mesurant
l'assuétude qui s'installe, mais n'est-il pas déjà trop tard? Est-il
possible d'exister sans ces objets et liens quotidiens qui nous donnent
une visibilité, une accessibilité, une place dans le monde? Pratiquer
mon métier de médecin sans mon identité électronique et mon ordinateur
connecté est tout simplement devenu impossible. Payer mes factures itou,
communiquer avec mes enfants et petits-enfants disséminés, consulter
les horaires de mes moyens de déplacement, prendre mon abonnement à la
STIB ou à mon journal. Je rêvais d'être Robinson, et me voilà Gulliver.
Nul homme n'est une île, il reste à imaginer un Gulliver heureux.
Lu dans:
André Baillon. Un homme si simple. Ed F.Rieder. 1925. 211 pages
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