"Rien de plus doux que ce moment où le soleil décline derrière la crête des montagnes. Le crépuscule apporte la fraîcheur du soir et des lumières chaudes qui évoluent à chaque minute. A cette heure-ci, le rythme change. Les gens rentrent tranquillement du travail, les gardiens de nuit prennent leur service, les voisins s'installent devant leur portail. C'est le silence avant l'arrivée des crapauds et des criquets. Souvent le moment idéal pour une partie de football, pour s'asseoir avec un ami sur le muret au-dessus du caniveau, écouter la radio l'oreille collée au poste ou rendre visite à un voisin."
Gael Faye
Lignes de bonheur tranquille, dans un petit pays bientôt déchiré par les
massacres ethniques: quelques semaines plus tard commençait la "saison
des machettes" au Rwanda, bouleversant l'existence quotidienne de son
modeste voisin le Burundi. Lignes écrites d'un monde oublié, avec ses
instants joyeux, "discrets comme des filles de bonnes familles: le
parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des
bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires
trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les
termites les jours d’orages..." On peine à imaginer que ces vies
simples, ce train-train, ces bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester
aient pu déboucher en quelques heures sur la destruction d'un ethnie par
une autre, et l'exil pour beaucoup aux quatre coins du monde. Et si
notre bonheur était tissé de la même fragilité? Cultivons ce qui nous
rapproche plutôt que ce qui nous divise.
Lu dans:
Gaël FAYE. Petit pays. Grasset. 2016. 224 pages. Extrait page 81
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