"Vu de la ruelle, le ciel était la fente d'une boîte aux lettres."
Erri de Luca
Irruption de la beauté dans le quotidien. Sur le trottoir ce
matin, un pigeon avec une brindille dans le bec me dévisage, petit
moment de bonheur instantané et réciproque. Il s'approche, dépose
la petite branche à mes pieds, la reprend sans la moindre
intention de fuite, la redépose. Ce symbole de paix se superpose
au récit allégorique du déluge et de l'Arche d'où Noé lâche la
colombe à trois reprises pour juger de la baisse des eaux. La
première fois elle revient bredouille, la deuxième avec un rameau
d'olivier signifiant le retour de la terre ferme, la troisième la
colombe ne revint pas : la terre était devenue plus attirante que
son refuge. Mystère de nos schémas mentaux, joyeux si nous
croisons la colombe ou l'écureuil, sombres quand ce sont une
corneille ou un rat. Aurions-nous des schémas préécrits similaires
face aux humains que nous croisons?
Erri de Luca. Le plus et le moins. NRF Gallimard. Traduit de l'italien par Danièle Valin. 2013. 197 pages. Extrait p.37
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