"On pourrait tenir la dépouille animale pour plus sacrée que la dépouille humaine, puisque l’animal fait si bien corps avec son corps qu’il se confond avec lui. Lorsqu’il meurt, c’est bien uniquement ce corps qui meurt – ce corps qui, sauf pour quelques mammifères évolués, était sa seule manière d’être au monde. De l’homme défunt, nous pleurons l’esprit original, l’idiosyncrasie, la personnalité évanouis dont le corps ne fut qu’une représentation. Mais le corps de l’animal était l’animal même – ce corps était aussi son âme."
Eric Chevillard
Les larmes de Basile hier, 4 ans, à l'annonce de la mort de son chien
sont à la mesure de la perte qu'il ressent, totale, définitive et
l'évocation d'un paradis pour chien où son compagnon vivrait désormais
ne lui est d'aucune consolation: inventions pour adultes que tout cela.
Pour la première fois de sa courte existence il saisit ce que veut dire
"être anéanti", passer en une fraction de seconde des jappements joyeux,
de la course derrière un lapin, du vautrement dans la prairie chaude
après l'averse au rien, à l'inexistant, au silence à jamais. Premiers
deuils, plus intenses peut-être encore que ceux ressentis lors de la
perte d'un humain car dégagés de l'alibi de l'âme qui survivrait et
accompagne ceux qui restent. On apprend vite tout cela à quatre ans.
Lu dans :
Eric Chevillard. L'Autofictif. http://autofictif.blogspot.be/post n°2530
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire