"Ce dernier (Alexandre Zauber), adore me faire rire. À sa première visite, il veut tout savoir de mon accident. Je cite mes différentes fractures et lui, pour chacune, opine du chef en disant: « Cela aurait pu être pire. » J'ai des maux de tête atroces: « Cela aurait pu être pire. » Ma cheville gauche est atteinte: « Cela aurait pu être pire. » Mes genoux sont en flammes: «Cela aurait pu être pire. » Étonné, agacé un peu, à un moment je ne peux me retenir: « Mais enfin, Alexandre, qu'est-ce qui aurait pu être pire? ". Et lui, le visage sérieux, murmure: « Cela aurait pu m'arriver, à moi. » Elie Wiesel
On le dit triste. Elie Wiesel révèle dans ce court texte un sens de l'humour teinté d'une philosophie douce-amère. Renversé par un taxi, il est opéré de fractures multiples, réconforté par la visite d'amis chers. Rire de soi reste le propre des grands.
Lu dans:
Elie Wiesel. Coeur ouvert. Flammarion 2011. J'ai Lu Récit 10190. 92 pages. Extrait p. 62
Elie Wiesel. Coeur ouvert. Flammarion 2011. J'ai Lu Récit 10190. 92 pages. Extrait p. 62
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire