14 janvier 2013

L'espace du bonheur


"Je me suis laissé porter par la vague, je me suis allongée et le malaise est passé. Maintenant, je me repose dans un fauteuil en osier. Le monde s'engouffre par les portes de mes yeux, je le laisse entrer et il m'emplit d'une matière aérienne, élastique et douce. Je suppose que c'est le bonheur, cette alliance de la lumière, du son et de la douceur de l'air. Le bonheur dure peu de temps, mais, si on lui en laisse la place, il peut occuper un très grand espace. Le malheur n'est pas le contraire du bonheur. Il n'en est pas le revers, pas plus que la vie n'est une médaille qui présenterait alternativement sa face claire et sa face d'ombre. Le malheur ne s'use pas. Le malheur peut durer longtemps. Mais, si on lui interdit de s'étendre, on arrive à restreindre considérablement la place qu'il occupe. Il faut s'y employer bien sûr un peu sérieusement. Le malheur et le bonheur peuvent cohabiter. Il n'est pas donné à tout le monde de le savoir. Il n'est pas donné à tout le monde de forcer les portes de l'expérience. "
L. Violet et M. Desplechin

 
Lu dans:
L. Violet et M. Desplechin. La Vie sauve. Seuil 2005. 127 pages

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