23 mars 2009

Le temps perdu

"Au printemps, tu verras, je serai de retour,
Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris,

Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus."
     Barbara


La chanson mythique me parvient dans la voiture ce dimanche. Dehors le printemps en cette campagne brabançonne est superbe. Barbara, encore inconnue, chantait pour une première fois un texte de sa composition, enregistré en 4ème plage d'un disque 45 tours chez Odéon. Elle interprétait jusqu'ici d'autres méconnus, Brel et Gainsbourg. Tout cela me semble avoir soudain ce goût étrange venu d'ailleurs, d'une autre planète qui se serait éloignée de la Terre. Un jour aussi, nous connaîtrons cet engloutissement, et c'est heureux. Luc Ferry dans "la sagesse des mythes" raconte que la déesse Aurore, amoureuse d'un simple humain, un Troyen nommé Typhon, implore Zeus de conférer l'immortalité à son amant. Elle voit au fil des ans, Typhon se rabougrir jusqu'à n'être plus qu'un minuscule déchet qu'elle finit par jeter dans un coin, avant de le transformer en cigale. Il aurait fallu, comme Calypso le demanda pour Ulysse, offrir l'immortalité ET la jeunesse perpétuelle. Ulysse, sagement, refusa l'une et l'autre pour assumer sa condition d'humain, avec ses racines en Ithaque plutôt que la jeunesse éternelle dans une île de nulle part: "une vie de mortel réussie est préférable à une vie d'immortel ratée". Merci à Philippe Heureux qui me rappelle cette leçon de sagesse.

 Lu dans:
Dis, quand reviendras-tu. Barbara, Éditions Beuscher, Odéon, MOE 2324 M, 45t
Apprendre à vivre (2). La Sagesse des mythes, par Luc Ferry , Éd. Plon, 394 p., extrait. chap.1

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