"Il est inexplicable que nous soyons vivants. Je remonte, ma lampe
électrique à la main, les traces de l'avion sur le sol. À deux cent
cinquante mètres de son point d'arrêt nous retrouvons déjà des
ferrailles tordues et des tôles dont, tout le long du parcours, il a
éclaboussé le sable. Nous saurons, quand viendra le jour, que nous avons
tamponné presque tangentiellement une pente douce au sommet d'un
plateau désert. (..) Maintenant la flamme monte. Religieusement nous
regardons brûler notre fanal dans le désert. Nous regardons resplendir
dans la nuit notre silencieux et rayonnant message. Et je pense que s’il
emporte un appel déjà pathétique, il emporte aussi beaucoup d’amour.
Nous demandons à boire, mais nous demandons aussi à communiquer. Qu’un
autre feu s’allume dans la nuit, les hommes seuls disposent du feu,
qu’ils nous répondent."
Antoine de Saint-Exupéry
Un feu de bois dans la nuit, une attente et la magie d'un ciel
étoilé. Me revient cette scène du film *Easy Rider* (1969), film culte
de Dennis Hopper, où les
personnages, Wyatt (Peter Fonda) et Billy (Dennis Hopper), philosophent
autour d'un feu de leur quête de liberté, du sens de la vie et
de la contre-culture des années 1960. Amérique, que de rêves! Celle
d'Omaha Beach, celle que chantait Joe Dassin, celle de Springsteen et
Pete Seeger chantant Woody Guthrie pour Obama, celle du petit pas du
premier homme sur la Lune, Un jour déjà lointain, j'eus la chance
d’atterrir de nuit à l'aéroport La Guardia de New York, survolant la
Grosse Pomme brillant de mille lumières. J'en eus des larmes d'émotion,
tentant de localiser Harlem, le Bronx, Liberty Island... Aujourd'hui,
incrédules, on s'interroge: comment tout ce à quoi on assiste est-il
possible?
Lu dans:
Antoine de Saint-Exupéry. Terre des hommes. Gallimard. NRF. 1939 . 224 pages.
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