"Eli, lama sabachthani ?"
Pourquoi m’as-tu abandonné ?
Vers 15 heures, on descendait en rangs serrés pour entendre le
récit des dernières heures de Jésus-Christ, et cet ultime cri de
désespoir en araméen tiré des psaumes. C'était toujours un
vendredi, le dernier avant Pâques et ses cloches larguant leurs
œufs bariolés dans nos jardins, le dernier vendredi avant les
vacances printanières. On était gosses et cette succession
immuable d'une liturgie, d'une fête et du jaillissement de la
lumière du printemps nous émerveillait. Le samedi n'était ni jour
férié ni jour de travail: une journée blanche où il ne se passait
rien, destinée à nous enseigner l'intervalle nécessaire entre
l'échec et la résurrection. Sûr, ce n'était pas là matière
d'enseignement, mais on s’imprégnait du rythme des choses, du
besoin de pauser entre les grands tournants de l'existence afin de
mieux les assimiler et leur donner un sens. Ce samedi chômé
gravait dans nos jeunes mémoires ce que le soupir/silence est au
solfège, ce que l'étape est au voyage, ce que la nuit est à
l'aurore: une respiration, un verre d'eau après la soif, un
attente avant la course. Une journée où il ne se passait rien, si
indispensable.
Lu dans:
Évangile de Matthieu 27:46. Citation en araméen, tirée des Psaumes
22:1
1 commentaire:
Si juste ! Merci & bonne fête de Pâques !
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