08 avril 2023

Pâques

"Eli, lama sabachthani ?"
Pourquoi m’as-tu abandonné ?


Vers 15 heures, on descendait en rangs serrés pour entendre le récit des dernières heures de Jésus-Christ, et cet ultime cri de désespoir en araméen tiré des psaumes. C'était toujours un vendredi, le dernier avant Pâques et ses cloches larguant leurs œufs bariolés dans nos jardins, le dernier vendredi avant les vacances printanières. On était gosses et cette succession immuable d'une liturgie, d'une fête et du jaillissement de la lumière du printemps nous émerveillait. Le samedi n'était ni jour férié ni jour de travail: une journée blanche où il ne se passait rien, destinée à nous enseigner l'intervalle nécessaire entre l'échec et la résurrection. Sûr, ce n'était pas là matière d'enseignement, mais on s’imprégnait du rythme  des choses, du besoin de pauser entre les grands tournants de l'existence afin de mieux les assimiler et leur donner un sens. Ce samedi chômé gravait dans nos jeunes mémoires ce que le soupir/silence est au solfège, ce que l'étape est au voyage, ce que la nuit est à l'aurore: une respiration, un verre d'eau après la soif, un attente avant la course. Une journée où il ne se passait rien, si indispensable.


Lu dans: 
Évangile de Matthieu 27:46. Citation en araméen, tirée des Psaumes 22:1

1 commentaire:

Tania a dit…

Si juste ! Merci & bonne fête de Pâques !