12 janvier 2022

La vie gagnante


"À m'asseoir sur un banc, cinq minutes, avec toi
regarder le soleil qui s'en va (..)
et entendre ton rire s'envoler aussi haut
que s'envolent les cris des oiseaux
Te raconter, enfin, qu'il faut aimer la vie
l'aimer même si le temps est assassin
qui emporte avec lui
les rires des enfants
et les Mistral Gagnant." 
                        Renaud
 
 

Le bonheur se contente de peu. Un homme sur un banc parle à sa fille, lui raconte le goût acidulé des Carambars d'antan et des Roudoudous achetés au Mistral Gagnant, cette ancienne confiserie de son enfance aujourd’hui disparue. Paroles sobres que l'on devrait écrire à la main les soirs où trop de nouvelles sombres nous encombrent la tête. Les bonbons qui consolent n'appartiennent pas nécessairement au passé, et les petites filles transparaissent souvent dans les visages croisés au hasard des journées. Ce matin, deux rencontres m'ont permis de gagner ma journée. La première a 90 ans, voûtée comme pas possible, raccourcie de 20 centimètres, elle travaille jour après jour à recopier sur son PC des textes manuscrits qu'elle juge inestimables. La seconde, tout aussi âgée et recroquevillée, se désole en m'accueillant dans sa maison de repos. Elle a perdu son smartphone, recherché en vain depuis son lever, à la fois si peu de choses et à la fois tout. Nous cherchons ensemble, miracle, il a glissé sous le lit, le bonheur se contente de peu.


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