27 janvier 2022

Etre de passage


Tu te crois seul et puis quelqu’un
se tient debout dans l’embrasure de l’aurore.
Il ne dit rien.
« Je suis un homme de passage. »
                    Gilles Baudry
 


Un court film publicitaire créé pour une compagnie d'assurance avait réuni autour d'un jeune couple tout ceux qui avaient, à un moment précis de leur existence, compté pour eux. Rencontres d'une heure ou d'un mois, et plus si affinités, de tous âges, dans le cadre familial, professionnel, amical, anciens propriétaires de la maison familiale, pédiatre, confidents d'une soirée, épicier du quartier, moniteur d'école de conduite, chauffeur de bus scolaire, instit, balayeur de la rue. Rédigeant ce billet me revient en mémoire un agent de police en cape et casque, sosie de l'Agent 15 de Quick et Flupke, qui à l'âge de mes trois ans m'avait sauvé la vie en s'interposant devant un camion descendant la rue Wayez. Un moment inadvertance de mes parents, et j'allais me faire renverser sans l'ombre d'un doute. Qu'est devenu ce brave gardien de la paix sans lequel je ne serais sans doute plus là? Il ne faut pas nécessairement être le héros de Sur la route de Madison pour compter dans une existence, modestement et souvent même à notre insu. N'être que de passage donne à la rencontre une intensité que n'atteindra pas l'usure du temps, et la rend précieuse.



Lu dans:
Gilles Baudry. Il a neigé tant de silence. L'étranger Ed Rougerie 1985

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