"Je redescendrai le chemin de la journée
de peur d'avoir laissé quelque chose derrière moi.
Me comprendras-tu? Je n'ai pas le moyen de rien perdre,
car je voudrais ne pas vieillir,
mais simplement mûrir de toutes mes années."
Philippe Jaccottet
Pareils aux produits frais, les hommes sont inégaux devant l'âge, car
mûrir n'est pas vieillir. Comme le suggère Sekiguchi, entre le veau et
la vache qui a mis bas, le goût de la viande n'est pas le même: le
dernier porte le goût du temps vécu, qui est le contraire d'une
désintégration. Le poète, traducteur et critique littéraire suisse
Philippe Jaccottet, est décédé rassasié d'années dans la nuit de
mercredi à jeudi à l'âge de 95 ans. Ses traductions étaient des œuvres
littéraires à part entière, faisant dire à son ami Giuseppe Ungaretti
que, grâce à Jaccottet, il était meilleur en français qu’en italien.
Tout récemment, l'auteure belge Emmanuelle Dourson avait puisé dans sa
traduction de l'Odyssée le titre (Si les dieux incendiaient le monde) et
le fil conducteur de son premier roman.
Philippe Jaccottet. L'effraie, et autres poésies. Gallimard. NRF. 1979. 61 pages.
(*) Ryoko Sekiguchi. Nagori. La nostalgie de la saison qui vient de nous quitter. P.O.L. 2018. Folio 6776. 142 pages. Extrait p.60
Emmanuelle Dourson. Si les dieux incendiaient le monde. Grasset. 2021. 256 pages.
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