"Ils bâtissent avec des pierres et ils ne voient pas que chacun de leurs gestes pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d'une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c'est la bâtisse d'ombre."
Jean Giono
Que chacun de nos choix, paroles ou gestes participe au récit de vie, le story telling
ciselé par les communicateurs, ne choque personne. Billets nécrologiques
publiés à la disparition d'un.e célèbre, récits d'une carrière pour
banquet d'émérites, CV d'embauche répondent tous à la loi du genre:
placer nos existences dans la lumière de ce qu'on aimerait léguer comme
image. La bâtisse d'ombre que nos existences ont érigées sait se faire
oublier, réussites qui se révélèrent des échecs, mots d'esprit qui
firent briller autant qu'ils blessèrent, grands départs d'aventure qui
finirent en boucle, envolées suivies d'embardées. Étrangeté de la
réussite: la part d'ombre nous apprit souvent davantage que la succes story conservée pour le récit de vie. C'est par l'ombre du geste que l'on progresse, la lumière fige.
Lu dans:
Jean Giono. Que ma joie demeure. Grasset 1935. Le Livre de Poche. 504 p.
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