"Faut pas que ça vous inquiète
J'ai bien connu l'animal mort dans votre assiette."
Cabrel. Le monde est sourd (2000)
Sale temps pour les steaks Chateaubriand et tournedos Rossini, produits
dans les mêmes usines que le minerai de viande, les queues de vaches
douteuses et les surgelés 15 ans d'âge destinés au Kosovo. La poule au
pot familière qui nous avait donné ses œufs durant de longs mois et le
coq au vin dont le cri ne nous réveillera plus le matin
appartiennent-ils au passé ... ou à l'avenir? Étrange pouvoir de vie et
de mort, totalement industrialisé, que s'est attribué l'homme sur ces
animaux qui peuplent nos vie et nos univers, ceux qui surgissent
inopinément, les animaux domestiques, les comestibles, les nuisibles, .. Ils partagent nos vies, occupent nos espaces, disparaissent selon
notre bon vouloir souvent à notre insu dans de vastes remorques bâchées
qui les soustraient à notre regard. Leur simple présence dans notre
univers familier contribuait pourtant à une meilleure perception de
notre propre existence, nous apprenant être pleinement là, sans
projection vers l'avenir, offerts à ce qui se présente. Indiscutablement
vivants.
Lu dans:
Jane Sautière. Mort d'un cheval dans les bras de sa mère. Verticales. 2018. 192 pages. Extrait p.61
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