Le plus important est d’arriver à passer 70 à 80 ans de vie sur cette terre en ayant le sentiment qu’on s’est trouvé. Non pas qu’on "a réussi" mais qu’on "s’est réussi."
Azouz Begag
Une courte phrase lue dans son journal au petit-déjeuner peut vous
habiter une journée entière, comme ces ritournelles qui tournent en
boucle dans vos oreilles. Ce fut le cas de cette réflexion simple
sur le sens d'une réussite humaine. Comment passer d'une vie réduite
à une suite de performances, - course épuisante qui ne rassasie
jamais -, à la seule recherche de ce qui donne à la vie son
merveilleux contenu: une rencontre inattendue, une aide précieuse à
un moment critique, une promenade en bord de mer, la joie que l'on
donne, une guérison qu'on apporte, le frisson devant la beauté,
toutes choses qui ne se comptabilisent guère et échappent au fardeau
des choses à réussir. Ni le saut du cabri ni le lever du soleil ne
sont une performance, et la mer n'est pas faite pour porter les
bateaux. Certes elle le fait, mais en conservant sa liberté. L'homme
aurait-il moins droit à cette liberté que le cabri, le soleil ou la
mer et serait-il moins fait pour autre chose que pour simplement
vivre? Comment se libérer du fardeau du temps imparti, de l'infinité
de choses qu'on s'impose à réussir en l'espace limité d'une
existence humaine? La mer et le vent ne manqueront pas de nous
survivre, et l'éternité se soucie peu de nous. Mais qui nous impose
de nous soucier de l'éternité?
Lu dans :
Béatrice Delvaux. Il faut retrouver de nouveaux psaumes. Le Soir Culture. 21 mars 2018. Béatrice Delvaux rencontre Azouz Begag, écrivain et ancien ministre français de la Promotion de l’égalité des chances de 2005 à 2007. Il est l'invité de la "Psalms experience" organisée au sein du Klara Festival (21-22 mars 2018).
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