"Ce que j'éprouve n'a pas vraiment de nom , de nom connu. Quelque chose de moi s'est détaché et flotte dans l'air, invisible et pourtant consistant. Je me sens triste sans tristesse, seul sans solitude, heureux sans joie."
E. Fottorino
J'ai apprécié le livre d'Eric Fottorino "L'homme qui m'aimait tout
bas", écrit après le décès de son père adoptif qui - selon ses
propres termes - en l'adoptant à l'âge de dix ans "lui donna son
nom et la vie". Avec le regret de la distance qu'apportent les
années, la lente faillite (au propre comme au figuré) qui amena ce
père admiré et adoré à se tirer une balle dans la tête la même
semaine qui vit le fils, devenu directeur du Monde, affronter un
directoire hostile dans une ambiance de dépôt de bilan du célèbre
quotidien. "Aurais-je pu l'empêcher? Il aurait fallu parler
ensemble. Depuis longtemps on ne parlait plus, ce qui s'appelle
parler. On évitait ce qui aurait pu créer des tensions, de
l'incompréhension. On restait en surface, là où ça ne risquait
rien. On commentait le temps qu'il faisait, pas le temps qui nous
éloignait." L'évocation des longues balades à vélo, des
observations matinales du héron au long bec locataire des marais
voisins, "oiseau enveloppé de brumes comme s'il rapportait des
morceaux d'un nuage déchiré à coups de bec », des crabes «galets
qui marchent" et de cette infinie nostalgie d'un auteur se penchant sur un passé récent en fait un
bien beau récit.
Lu dans :
Eric Fottorino. L'homme qui m'aimait tout bas. NRF Gallimard. 2009. 148 pages. Extraits pp 127, 142, 143
Eric Fottorino. L'homme qui m'aimait tout bas. NRF Gallimard. 2009. 148 pages. Extraits pp 127, 142, 143
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire