"Qu'il eût été fade d'être heureux."
Yourcenar
Un homme rencontre une femme, désespérée. Il en tombe
instantanément amoureux: le malheur d'autrui est capiteux. "Elle
s'acharnait à m'entraîner dans ses souffrances; elle voulait un
compagnon de malheur dans l'espoir que nous puissions être à
l'unisson." Quête impossible du bonheur dans le malheur, comme la
pluie qui tombe alors que le soleil brille. "Cette souffrance, il
est probable que j'en avais besoin. Souffrir à cause des autres
évite de souffrir à cause de soi." Ce court texte
autobiographique de Jean-Marie Rouart m'a éclairé sur des
comportements similaires notés chez mes proches et patients depuis
tant d'années. Sur le mien aussi peut-être, - nombreuses sont les
cloisons qui séparent à notre insu nos divers nous-mêmes - et sur
les raisons mystérieuses qui mènent un adolescent insouciant à embrasser la
profession médicale.
Lu dans :
Marguerite Yourcenar. Aphorismes Feux. 1936
Jean-Marie Rouart. Une jeunesse à l'ombre de la lumière. NRF Gallimard. 2000. 370 pages. Extrait p. 329-330
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