"On a fermé les cahiers un soir
Sur la guerre inachevée
Et comme si rien ne s'était passé
On a déserté l'histoire
On a sauté les pages
Et tout s'est effacé
Comme s'il y avait un peu de craie
Dans l'encrier."
C. Lara. La craie dans l'encrier.
Moment d'émotion, l'école proche a fermé ses grilles, tous les
élèves s'étant égaillés. La magie des grandes vacances est intacte
quel que soit notre âge: on quitte un soi-même pour en retrouver
un autre, on sort d'une cour pour entrer dans un jardin, les
oreilles bruissant de chants d'oiseaux, de clapotis de vagues et
d'arrivées au sommet du Tour de France. Nous laisser gagner par
cette douceur de deux longs mois qui se raccrochent à notre
enfance, pays lointain qui soudain reprend vie. On range tout ce
qui n'est pas essentiel, on allège pour pouvoir naviguer à la
voile, avec de longues pauses dans des criques tranquilles à
l'abri des tempêtes et des regards.
Entre café et journal lui aussi jette l'ancre pendant ces deux
mois, manière discrète de nous forcer à retrouver le rythme propre
des saisons. On ne va pas pour autant arrêter de lire, de rêver,
de réfléchir aux mille manières de reconstruire le monde, mais on
le fera au rythme lent des percherons d'antan. Si on nous prête
vie, la cloche de septembre nous réveillera.
Lu dans:
Paroles: Daniel Boublil. Musique: Catherine Lara 1974 "La craie dans l'encrier"
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