16 juin 2012

Les grands bonheurs ont parfois dans leur paume de grandes tristesses



"Il y a une douleur  dans cette pièce, mais je ne sais pas à qui elle appartient."
E Fottorino.

Elle a terminé son grand oral de médecine générale en fin d'après-midi ce samedi. Sept années d'un parcours exigeant, auquel elle a beaucoup sacrifié, prennent soudain fin. Un juré s'inquiète avec sollicitude de sa réussite, et soudain l'émotion est plus forte, elle fond en larmes, sans un mot. Ce matin elle a enterré son papa, qui n'assistera pas à sa promotion dans quelques jours. Elle ne s'en est plaint à personne, ne souhaitant pas mêler la pitié aux points. Les grandes douleurs sont muettes, même si pour elle désormais "tous les matins du monde seront sans retour, tous les jours seront le même jour, tous les froids le même froid", lui rappelant tout au long de sa vie de généraliste qu'en une seule journée funeste on peut devenir docteur, et orpheline.

Lu dans:
Eric Fottorino. Questions à mon père. NRF Gallimard. 2010. 203 pages. Extrait p. 76

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