30 octobre 2010

L'immortalité des ailes

" Soyez comme l'oiseau, posé pour un instant
Sur des rameaux trop frêles,
Qui sent ployer la branche et qui chante pourtant,
Sachant qu'il a des ailes »
V. Hugo
Ce soir ces mots m'emplissent d'une infinie mélancolie. René, l'ami de toujours, à la discrétion légendaire, le confident qu'on aurait cru avant même qu'il parle, s'est éteint. Dans le silence de mon bureau entouré par la nuit je le revois avec Odette il y a quarante ans nous confier leur fils aîné pour une première réunion louveteau. Ou vingt ans d'amitié plus tard, deux jours après Noël, au retour du film "Le mari de la coiffeuse", sonner à ma porte car il resssentait une douleur bizarre dans la poitrine. Les années passent vite au peigne de l'amitié, entrecoupées de réunions, de promenades, de pots de bière à la mousse fraîche, de rires fous et de danses des canards, images aux tons pastels devenus soudain sépia. Petits bonheurs sans prix, entrecoupés de quelques misères, sans lesquelles un ami médecin perd sa raison d'être, que tout cela a passé vite.

Une voix a capella rompt ce silence et ma rêverie. Graëme Allwright égrène "une belle journée quand cette vie s'achève / J'm'envolerai / Vers un merveilleux pays de rêve / J'm'envolerai volerai. J'm'envolerai tout là haut / J'm'envolerai comme un oiseau / Quand je meurs, alléluia tout à l'heure / J'm'envolerai volerai."
Ciao René, la vie est belle.

Lu dans :
Victor Hugo. Les Chants du crépuscule. cité dans Bertrand Leclair. Petit éloge de la paternité. Folio 5126. Gallimard 2010. 112 pages. Extrait p.68.
Graeme Allwright. J'envolerai. Ecouter: http://www.deezer.com/listen-7125286

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