23 septembre 2008

Une farce zéro

"Voir la vie en farce."

Pub Coca Zéro

C'est un peu lourd, pas vraiment méchant, pas vraiment drôle, mais m'est resté en tête toute la journée comme une mouche bleue dans un grenier. J'ai vite cerné à quoi elle me faisait penser, si c'était un livre ou une pièce de théâtre: "en attendant Godot" de Beckett. Un film? Monty Python. Une musique? La danse des canards. Un amuseur? Coluche. Une fête ? Halloween. Un plat cuisiné? La dinde farcie. Un ministre? Daerden. Un acteur? De Funes. Une sculpture? Manneken Pis. Une voiture? La 2CV. Une émission télé? La caméra invisible. Une maladie? La "gastrite insignifiante", diagnostic arboré comme un trophée par une brave patiente ayant subi à Erasme une des premières gastroscopies chez un conrère facétieux qui lui avait communiqué avec gravité ce dont elle souffrait. Voir la vie en farce oblige néanmoins à remplacer le sourire par un rictus semi-permanent qui parfois inspire plus de pitié que de joie, tel ce patient qui se borne à me répondre à toutes mes questions "qu'il attend". Attend de mourir comme son épouse il y a deux ans, "comme vous docteur même si vous fuyez cette réalité en travaillant", "comme mes enfants, mes petits-enfants et mes futurs arrière petits enfants": ils ne sont pas encore nés et déjà en attente de mourir à leur tour, ah ah ah. J'ai pensé me lever de mon bureau , ouvrir doucement la porte et lui dire: vas-y moineau, vole tant qu'il te reste de la vie, après il sera trop tard. Je l'ai fait raconter, il ne riait plus. Sa vie avait été pire que triste: monotone. Rien donc ne l'y retenait, et il aurait volontiers entraîné les autres dans sa chute. Godot a la vieillesse triste comme une pub pour coca .zéro.

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