"Nous ne verrons pas la fin du monde,
mais nous aurons vu comment on la fabrique."
Jacques Lacomblez
C'est la revanche du charbon sur le vent et le soleil. Le talon d’Achille de l’intelligence artificielle est sa consommation d’énergie, au cœur des nouvelles puces qui lui sont nécessaires. Celles de Nvidia, le spécialiste du domaine, chauffent dix fois plus qu’un microprocesseur habituel. Autrement dit, ChatGPT consomme dix fois plus d’énergie que le moteur de recherche de Google, poursuivi par Microsoft, Amazon ou Google qui déploient des dizaines de milliards pour adapter leurs centres de données à cette nouvelle technologie. En Virginie du Nord, 250 banques de données consomment déjà 4 000 mégawatts, soit assez pour alimenter 1 million de foyers, une croissance à plus de 11 000 mégawatts étant prévue, représentant 9 % de la demande électrique en 2030. Rêve prométhéen qui redonne des couleurs à la production électrique par le charbon, dont la sortie totale était évoquée à l'horizon de 2035 par l’agence de l’environnement américain, mais reculée devant la demande d'une énergie peu coûteuse. On avait prévu le basculement progressif des voitures vers l’électricité, mais pas que l’intelligence artificielle allait la devancer avec autant de vigueur. Créer autant de problèmes nouveaux que l’on voulait en résoudre, ou le mythe de Prométhée volant le feu aux dieux pour le confier à l’être humain, permettant ainsi à l’espèce d’évoluer vers la technique, la civilisation et la maîtrise de la nature. Pour le punir du vol, Zeus l’enchaîne sur une montagne et le condamne à avoir chaque jour le foie dévoré par un aigle. On peut se prendre à rêver d'une éthique qui empêche le pouvoir de l’homme de devenir une malédiction pour lui-même.
Lu dans:
Jacques Lacomblez. Sautes d’instant, brins d’humeur et un petit bout de jardin. Quadri. 2024. 32 p.
Philippe Escande. Le charbon au secours de ChatGPT. Le Monde. 31 mai 2024. Extrait p.19
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire