"Elle m’a dit : « Laisse le temps passer. »
C’est ce que nous avons fait, longtemps.
Nous avions si joyeusement
bien plus d’une minute à perdre."Carl Norac
Un jour on s'aperçoit que c'est l'automne. On prend conscience
qu'on entre dans un âge dont on sait qu’il n’y en a
plus d’autre à attendre après lui, alors que plus jeune l'horizon
des possibilités apparaît infini, comme un cascade dont l'eau
s'écoulerait pour l'éternité. Il faudra désormais vivre intensément au
présent, sans illusion ni désillusion
non plus. Pour certains cela commence plus tôt que pour d'autres:
Montaigne se retire de la vie publique pour s'installer dans sa
célèbre libraire aux murs tapissés de maximes au dernier étage du
château d’Eyquem le jour de ses
38 ans, "dégoûté de l’esclavage des
charges publiques, se sentant encore en pleine vigueur, dans le
calme et la sécurité, pour y franchir les jours qui lui restent à
vivre." Encore faut-il pouvoir se le permettre, comme le racontent
de très vieux
patients, condamnés à leur époque à un travail sans fin rendu
supportable par l'infusion de périodes de repos dans le
travail. L’ébéniste, l'agriculteur, le négociant, l'artisan, le
petit commerçant pouvaient s’arrêter, discuter avec le voisin ou
aller boire un coup, puis reprendre leur tâche. Et interrompre la
journée par la prise d'un repas convivial, voire d'une sieste. Et puis,
impensable de nos jours, "on chantait à l'atelier". Montaigne
chantait-il dans sa librairie?
Lu dans:
Carl Norac, Anne Herbauts (Illustrations). Petits poèmes pour y aller. EDL. 2022. 122 pages
Carl Norac, Anne Herbauts (Illustrations). Petits poèmes pour y aller. EDL. 2022. 122 pages
Thierry Gontier. Montaigne et la vieillesse: une philosophie
des âges de la vie. L'Agora, une agora, une encyclopédie. 26 mars
2003
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