25 avril 2022

Sagesse de Carl Norac

 

"Elle m’a dit : « Laisse le temps passer. »
C’est ce que nous avons fait, longtemps.
Nous avions si joyeusement
bien plus d’une minute à perdre."
             Carl Norac



Un jour on s'aperçoit que c'est l'automne. On prend conscience qu'on entre dans un âge dont on sait qu’il n’y en a plus d’autre à attendre après lui, alors que plus jeune l'horizon des possibilités apparaît infini, comme un cascade dont l'eau s'écoulerait pour l'éternité. Il faudra désormais vivre intensément au présent, sans illusion ni désillusion non plus. Pour certains cela commence plus tôt que pour d'autres: Montaigne se retire de la vie publique pour s'installer dans sa célèbre libraire aux murs tapissés de maximes au dernier étage du château d’Eyquem le jour de ses 38 ans, "dégoûté de l’esclavage des charges publiques, se sentant encore en pleine vigueur,  dans le calme et la sécurité, pour y franchir les jours qui lui restent à vivre." Encore faut-il pouvoir se le permettre, comme le racontent de très vieux patients, condamnés à leur époque à un travail sans fin rendu supportable par l'infusion de périodes de repos dans le travail. L’ébéniste, l'agriculteur, le négociant, l'artisan, le petit commerçant pouvaient s’arrêter, discuter avec le voisin ou aller boire un coup, puis reprendre leur tâche. Et interrompre la journée par la prise d'un repas convivial, voire d'une sieste. Et puis, impensable de nos jours, "on chantait à l'atelier". Montaigne chantait-il dans sa librairie?
 



Lu dans:
Carl Norac, Anne Herbauts (Illustrations). Petits poèmes pour y aller. EDL. 2022. 122 pages
Thierry Gontier. Montaigne et la vieillesse: une philosophie des âges de la vie. L'Agora, une agora, une encyclopédie. 26 mars 2003

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