les fleurs fleuriront de la même manière
et les arbres n'en seront pas moins verts qu'au printemps dernier."
Fernando Pessoa
"Beauté
perdue comme une graine livrée aux vents aux orages
ne faisant nul bruit souvent perdue
mais elle persiste à fleurir au hasard ici là
nourrie par l'ombre accueillie par la profondeur.
Légère frêle presque invisible
apparemment sans force exposée abandonnée livrée
une fleur s'ouvre au versant des montagnes.
Cela est persiste contre le bruit la sottise
tenace parmi le sang et la malédiction
ainsi l'esprit circule en dépit de tout. "
Philippe Jaccottet
Ce matin au réveil nos voisins nous surprennent, printaniers. Le
premier entame la grande taille végétale de son jardin envahi par la
broussaille. Tout y passe, du gazon aux arbres, le repiquage de bulbes,
l'achat de plantes vivaces. Une transformation inattendue d'un espace
devenu déprimant en un jardin à la Monet (enfin, presque). Le second
remet à neuf, tout blanc, tout beau, une façade défraichie qui
s'écaillait. Elle reflète désormais le soleil sur notre terrasse, pur
bonheur.
Lu dans:
Philippe Jaccottet. La Semaison. Carnets 1954-1967. 1962, in La Pléiade. Paris. 2014. Extrait page 365 et 366.
« Quand j’étais jeune, ma mère m’encourageait à imaginer un monde sans ségrégation. Plus tard, en tant qu’activiste contre le système carcéral, j’ai imaginé à quoi ressemblerait une société sans prison. En allant plus loin, il faudrait imaginer une société qui ne soit pas déterminée par le capitalisme, par les résidus du colonialisme, un monde qui ne serait pas défini par des frontières. »
Angela Davis, au Théatre National ce lundi 25 avril
La célèbre militante afro-américaine n’a rien
perdu de sa verve. C’est par le très festif Pata Pata de la
Sud-Africaine Miriam
Makeba qu’Angela Davis a été accueillie ce lundi matin au Théâtre
National, à Bruxelles. Sourire aux lèvres, la septuagénaire a
semblé
puiser émotion et énergie dans cette haie d’honneur musicale avant
d’entamer un marathon de rencontres. Bien sûr, rêver d'un monde ne
le change guère, et les utopies se fracassent au choc de réalités, mais
ce remue-méninges vaut bien des conversations sur le temps maussade et
l'interdiction de circuler au centre-ville.
"Elle m’a dit : « Laisse le temps passer. »
C’est ce que nous avons fait, longtemps.
Nous avions si joyeusement
bien plus d’une minute à perdre."Carl Norac
"Quand il cherchait de l’or
il récoltait le vent (./..)
quand il revenait les mains vides
lui restait juste un peu des sept couleurs
sur la peau dans le sang au fond des yeux
La première pluie le nettoyait
lui rendait sa blancheur c’était le signal
il fallait repartir."Daniel Charneux
"Ce qui te manque
cherche-le dans ce que tu as."
Daniel Charneux
"Un arbre-bateau
un vieux tilleul de 250 ans
immense majestueux un peu décati par endroits
avec des ramifications intéressantes
[… qui] se situe au point le plus haut de la région
comme un navire prêt à se lancer
sur la mer du paysage.»
Caroline LAMARCHE
"Je me suis replié dans ma bibliothèque
à l'abri
des tracas du quotidien
et des fracas de notre époque de plomb
auprès de ceux que je considère comme des amis
souvent plus proches que ceux de la société des vivants."
Gérard Oberlé
"C'est un homme pauvre qui s'installe tous les matins sur un banc devant un boui-boui parce que, même s'il ne peut pas s'acheter de petit déjeuner, il adore l'odeur du bacon en train de frire. Alors il reste là assis et le hume tout son saoul. Mais le patron du restaurant le remarque et au bout de quelques jours ça commence à lui taper sur les nerfs alors il sort avec une assiette en fer blanc et dit : "Maintenant il faut payer tout le plaisir que vous a donné mon bacon". L'homme pauvre glisse une main dans sa poche, sort une pièce d'argent et la fait tomber dans l'assiette. Ensuite il la ramasse et la remet dans sa poche. "Ce n'est pas ce que j'appelle payer !" dit le patron furieux, et l'homme pauvre lui dit en souriant : " Ça me paraît juste : moi j'ai l'odeur de votre bacon, vous avez le bruit de mon argent !"
Nancy Huston
"Ça leur fait mal, aux hommes, pourtant maîtres du monde, de ne pouvoir maîtriser une partie si cruciale de leur anatomie ; ça les énerve qu'elle puisse se mettre au garde-à-vous alors qu'ils ne lui ont rien demandé, ou refuser d'esquisser le moindre mouvement quand ils en ont le plus urgemment besoin. D'où leur tendance à se cramponner aux choses qui demeurent rigides de façon fiable : fusils-mitrailleurs, médailles, attachés-cases, honneurs, doctrines."
Nancy Huston
"Lorsque je circule en voiture sur des routes de campagne, je découvre parfois, accroché à un poteau électrique ou un muret de pierre, un petit bouquet de fleurs à demi fanées, nouées par un ruban. Il ne s'agit pas d'un monument. Il ne s'agit pas d'une tombe. Il ne s'agit que d'un amour et d'un chagrin immense. Là s'est brisée une vie. Un matin de printemps, peut-être. Quelqu'un, sur le bord de la route. Est-il signe plus poignant que celui-là?"
Jean-Michel Maulpoix
"Et moi, je suis qui moi déjà, moi."
Anthont Hopkins dans The Father
Vu dans:
Un homme d'exception (A Beautiful Mind), film réalisé en 2001 par Ron
Howard. Adapté du livre Un cerveau d'exception, la biographie de John
Forbes Nash Jr. par Sylvia Nasar (1999).
The Father (Le Père), film franco-britannique réalisé par Florian
Zeller en 2020, Oscar 2021 du meilleur scénario pour Christopher Hampton
et du meilleur acteur pour Anthony Hopkins.
"La juge a démissionné de son poste en février – lorsque les premiers articles de presse ont évoqué l’enquête – après un long parcours comme magistrate dont deux décennies à la Cour suprême du royaume où ils ne sont que 16 à siéger.
Outre un jambon de Noël et des boulettes de viande – mets traditionnel du réveillon suédois – elle avait dissimulé des saucisses et du fromage dans un cabas tissé en les recouvrant d’un autre sac, selon le journal suédois spécialisé Dagens Juridik."
AFP
Il neige sur les arbres en fleurs. Blanc sur blanc, un 1er avril, cela surprend. Pas de poisson aujourd’hui, la pêche est remise à des temps meilleurs.