15 mars 2022

Porter l'exil en soi


"Voulez-vous, je vous prie, me dire quel chemin je dois prendre pour m'en aller d'ici? Cela dépend en grande partie du lieu où vous voulez vous rendre", déclara le chat.
                    Lewis Carroll.  Alice au Pays des merveilles. 1865


C'est quand qu'on va où, papa? Il y avait un jardin d'enfants, il reste un cratère. On était instit, épicier, policier, docteur, en quelques minutes et deux missiles on devient réfugié dans son propre village. Vers où se diriger quand disparaissent les plus infimes repères indiquant où on est, et surtout qui on est. Quand s'écroulent dans le fracas tout ce à quoi on croyait, une histoire, un paysage, une culture, la croyance en un avenir meilleur, la bienveillance pour les pays voisins, la solution non-violente aux conflits, le respect des différences. Quand des mômes interrogent leurs parents: on a fait quelque chose de mal, maman? Quand naissent les conflits jusqu'au sein des familles, comme ce mari qui enjoint à son épouse de fuir avec les gosses, abandonnant sa vieille maman alitée. Elle ne s'y résoudra pas, prenant la route de l'exil dans sa propre rue: il y a des limites à ce qu'on s'autorise à abandonner. Les images se bousculent dans les lucarnes de nos TV et de nos yeux, imprégnant nos nuits. Qui a écrit un jour "j'ai vu le monde entier, et le contraire du monde"? Jamais phrase ne me parut plus vraie.


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