« Et de fait, rien ne rend peut-être plus palpable l’énorme régression dans laquelle est entrée l’humanité depuis la première guerre mondiale que les restrictions apportées à la liberté de mouvement des hommes et à leurs libertés. Avant 1914, la terre appartenait à tous ses habitants. Chacun allait où il voulait et y restait aussi longtemps qu’il voulait. Il n’y avait pas de permissions, pas d’autorisations, je voyageais en Inde et en Amérique sans avoir de passeport et même n’en avais jamais vu aucun. On montait dans le train et on en descendait sans rien demander, sans qu’on vous demandât rien."
Stefan Zweig
Le théâtre Le Public propose une lecture revisitée du livre "Le monde
d'hier" de Stefan Zweig, texte testamentaire et autobiographique qu'il
envoya à son éditeur en 1942 la veille de son suicide au Brésil. En
pleine crise internationale où se pose durement la question des
frontières symboliques et concrètes de l'humanité, ce texte d'hier qui
parle d'avant-hier décrit bien notre aujourd'hui. Sur scène, il est
question d’amour infini, de mémoire et d’imagination confrontées à la
plus effroyable défaite de la raison, soldant la fin de ce monde d’hier
où la liberté de l’esprit était sacrée. La vision d’un futur humaniste,
telle que Stefan Zweig le rêvait, a-t-elle encore une place aujourd'hui?
On sort du spectacle avec plus de doutes que de certitudes.
Stefan Zweig, Le monde d'hier, souvenir d'un européen. Die Welt von Gestern. Trad. de l'allemand (Autriche) par Dominique Tassel. Gallimard. Folio-Essais n° 616. 592 pages. Extrait. pp. 530-532.
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