"En 1970, l'artiste italien Parmiggiani décida d'exposer ses derniers tableaux dans une pièce qui servait de réserve au musée de Modène. En déplaçant les objets posés contre les murs (caisses, échelle), il aperçut les traces laissées sur les murs par les objets qu'il déplaçait. Remettant tout en place, il fit brûler des pneus au centre de l'espace d'exposition, puis la fumée s'étant dissipée, il vida la pièce: ne restaient alors sur les murs que les empreintes des objets, laissées par la fumée, traduction et recomposition active des empreintes de la poussière. Il s'agissait, selon l'artiste, d'exposer des espaces nus, dépouillés, où la seule présence était l'absence, l'empreinte sur les murs de tout ce qui était passé là, les ombres des choses que ces lieux avaient abritées."
Jean-Marc Besse.
Le temps et les lieux que nous avons habités, les objets auxquels
nous nous sommes attachés et avons perdus - la vieille 2CV jaune,
l'appareil photo argentique, le banjo du père - sont la poussière sur
les murs de notre mémoire. Des silhouettes et des visages aimés s'y
meuvent, aussi volatiles que les ombres sur les murs. Certains jours
plus que d'autres, remonte en nous la survivance de ces innombrables
journées habitées par la bourrasque, de ces nuits de canicule
accablante, des orages, des sécheresses, des pluies torrentielles mais
aussi des averses printanières et des récoltes d'automne qui font la
richesse d'une vie.
Jean-Marc Bresse. Habiter un monde à mon image. Flammarion. 2013. 254 pages. Extrait p.126
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