18 février 2022

L'aubier sous l'écorce

 "Nous rendant au départ de Versailles, nous eûmes, sur le plateau Villacoublay, le rare privilège de rouler en compagnie d'Eddy Merckx venu de Rungis à bicyclette pour s'échauffer. L'homme, qui s'accoudait familièrement à notre portière pour bavarder, avait eu la délicatesse de dissimuler sous un maillot aux couleurs de sa marque le maillot jaune qui l'eût désigné trop clairement aux regards [son rival Luis Ocana, victime d'une lourde chute, a été contraint à l'abandon lui laissant ce maillot jaune devenu lourd à porter]. Ses cuisses étaient enveloppées dans des jambières noires qui lui donnaient l'air d'une vieille chaisière. Mais le regard, sous l'abat-jour des cils, était franc, droit et j'allais dire pour une fois, étrangement confiant dans l'interlocuteur."

                    Antoine Blondin. 19 juillet 1971


 


Plonger dans les chroniques quotidiennes d'Antoine Blondin représente une plongée en enfance avec ses héros, ses drames et la fascination qu'exerçait sur nous Eddy Merckx au sommet de son art. Les désillusions successives liées au dopage nous ont fait prendre du recul par  rapport à la Grande boucle, mais n'altèrent pas les souvenirs.

 

Lu dans:
Antoine Blondin. Tours de France. La Table Ronde. 2001. 942 pages. Extrait p. 614

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