"En passant devant une vitrine, j’aperçois un visage dénué d’expression, éteint, mort. Après quelques pas, je réalise que c’est le mien.
Et pourtant, c’est celui d’un autre, et je me retourne pour voir si je ne suis pas derrière moi."
Charles Juliet
Il se raconte en mots sobres, avec une distance qui m'impressionne.
La haute fonction à laquelle il aspirait, et qu'il a occupée quelques
mois. La pression des chiffres et des courbes, les premiers doutes
d'occuper un siège usurpé, les premières insomnies. Le premier Chivas
Regal 18 ans d'âge le soir au retour d'une assemblée générale mal gérée.
La fêlure, les signes annonciateurs et la dissimulation à ses proches
d'une issue imminente. Et maintenant, cette image de lui dans une
vitrine, une ombre de ce qu'il fut. «Les choses n'ont pas été prévues
ainsi» comme le résume sobrement dans un autre contexte Claire Marin.
Dans sa tête, lui reviennent en boucles ces mots de l'humoriste Fernand
Raynaud, le cantonnier dont le cousin "n’a pas eu de chance dans la vie,
il a échoué à tous ses examens, il est devenu chef d’entreprise." On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve.
L'inattendu de Charles Juliet. P.O.L. 1992. 224 pages . Extrait p 170
Claire MARIN, Hors de moi, Paris, Allia, 2008. Extrait p.37
Claire MARIN, Hors de moi, Paris, Allia, 2008. Extrait p.37
Fernand Raynaud. Heureux.
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