20 mars 2021

Equinoxe de printemps

 

"Il y a sûrement une porte
mais il faudrait la trouver
une porte dans le ciel gris qui ouvrirait sur le bleu
un pan de béton blême qui ouvrirait sur un pré
Ici c'est l'hiver mais une fois la porte ouverte
on entrerait dans l'été
Ici c'est gris étouffé cendres serrées et murailles closes
mais si on parvenait à ouvrir la porte
un plein soleil de coquelicots
d'herbe fraîche et de campanules
vous rirait au nez
Si on trouvait la porte
qui se cache dans les corridors
on aurait de nouveau la vie devant soi
avec le soleil retrouvé
la permission de tout recommencer."
        Claude Roy. Rêverie devant une oeuvre de Maria Helena Vieira de Silva (Mémoire)



C'est une fresque vaste en noir et blanc, qui font comme un gris. En haut à gauche, un carré d'une éclatante blancheur fait rêver au printemps, à tout ce qui revit, se met en route, naît, réchauffe, appelle au large. C'est le port d'où partent les bateaux, les escaliers de Puy-en-Velay d'où s'élancent les pèlerins, le nid que quittent les oisillons. J'ai toujours eu une tendresse particulière pour l'équinoxe de printemps, où le jour égale la nuit, et où toute vie reprend.

 



Lu dans:
Claude Roy. Les pas du silence. NRF Gallimard. 1993. 270 pages. Extrait pp. 248-249 

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