23 juin 2013

Sagesse des simples

"Une vieille femme possède deux grands pots, chacun suspendu au bout d'une perche qu'elle transporte sur son épaule pour aller chercher de l'eau. A la fin de sa longue marche, du puits vers la maison, l'un des deux pots, fêlé, n'est plus qu'à moitié rempli d'eau. Le pot intact est très fier de lui. Mais le pauvre pot fêlé, lui, a honte de son imperfection, triste de ne pouvoir faire que la moitié de son travail. Au bout de deux années il s'adresse à la vieille dame, alors qu'ils sont près du puits. "]' ai honte, car ma fêlure laisse l'eau goutter tout le long du chemin vers la maison. La vieille femme sourit: "As-tu remarqué qu'il y a des fleurs sur ton côté du chemin, alors qu'il n'y en a pas de l'autre côté? Comme j'ai toujours su ta fêlure, j'ai semé des graines de ton côté du chemin. Chaque jour, sur le chemin du retour tu les as arrosées. Pendant deux ans, grâce à toi j'ai cueilli de superbes fleurs pour décorer ma table." »
F. Lenoir

Saisir l'insuffisance, non pour écraser, amoindrir, avilir mais s'en servir comme d'un levier qui fera lever les charges les plus lourdes. J'ai apprécié ce récit simple, qui illustre si bien le fameux "j'aime les fêlures, car par elles passe la lumière". J'ai connu heureusement quelques êtres simples qui furent cette lumière. 



Lu dans:
Frédéric Lenoir. L'âme du monde. NiL. 2013. 203 pages. Extrait pp 165-166

2 commentaires:

Lange Flup a dit…

Très belle histoire !
(et cela le jour anniversaire de la naissance de notre grand-mère) 8)

Lange Flup a dit…

Très belle histoire (et cela le jour anniversaire de notre grand-mère) 8)