14 juin 2013

Visages de chef (1938)

"Soyez un exemple pour vos hommes tant dans la vie militaire que dans la vie privée. Ne vous ménagez jamais en fait de fatigues et de privations, et montrez-le à la troupe. Soyez toujours pleins de tact et polis, apprenez à vos subordonnés à l'être de même. Evitez les éclats de voix, un ton trop rude, qui indiquent généralement qu'on a soi-même des déficiences à dissimuler."
E. Rommel

Poursuite de cette courte méditation sur la fonction de leadership... Ce discours de promotion prononcé en 1938 à l'Ecole militaire de Wiener Neustadt par Erwin Rommel, un des rares généraux allemands (voir la longue page Wikipedia y consacrée) à n'avoir commis ni crime de guerre, ni crime contre l'humanité. Une légende. Respecté par les siens et par ceux qu'il combattait au point que cela posa problème au commandement des forces alliées en Afrique qui tenta d'en réduire l'aura auprès de ses troupes, il fut amené à se suicider sous la contrainte après l'attentat contre Hitler pour soupçon de participation.  

En temps de conflit, la grandeur et la petitesse se trouvent équitablement partagées: les héros et les traîtres ne sont l'apanage d'aucun camp. Question: la grandeur d'âme placée au service d'une cause intrinsèquement perverse n'est-elle paradoxalement plus nocive du fait même du respect humain qu'elle entraîne: les commandos britanniques dans le désert lybien se targaient "d'avoir fait un rommel" lorsqu'ils étaient décorés pour un fait d'arme particulièrement audacieux réussi. Erwin Rommel le perçut sur le tard et en conçut un sentiment de défaite humaine personnelle. 

Mais encore. D'où vient-il que les paroles prononcées à Wiener Neustadt en 1938 paraissent à ce point insolites de nos jours? La fonction de leadership aurait-elle a ce point été modifiée? 


 
Lu dans:
Erwin Rommel. La Guerre sans haine. Nouveau Monde Editions. 475 pages. 2010
B. Lemay, Rommel, Perrin, 2009. 

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