"Soyez un exemple pour vos hommes tant dans la vie militaire que dans la vie privée. Ne vous ménagez jamais en fait de fatigues et de privations, et montrez-le à la troupe. Soyez toujours pleins de tact et polis, apprenez à vos subordonnés à l'être de même. Evitez les éclats de voix, un ton trop rude, qui indiquent généralement qu'on a soi-même des déficiences à dissimuler."
E. Rommel
Poursuite de cette courte méditation sur la fonction de
leadership... Ce discours de promotion prononcé en 1938 à l'Ecole
militaire de Wiener Neustadt par Erwin Rommel, un des rares
généraux allemands (voir la longue page Wikipedia y consacrée) à
n'avoir commis ni crime de guerre, ni crime contre l'humanité. Une
légende. Respecté par les siens et par ceux qu'il combattait au
point que cela posa problème au commandement des forces alliées en
Afrique qui tenta d'en réduire l'aura auprès de ses troupes, il
fut amené à se suicider sous la contrainte après l'attentat contre
Hitler pour soupçon de participation.
En temps de conflit, la grandeur et la petitesse se trouvent
équitablement partagées: les héros et les traîtres ne sont
l'apanage d'aucun camp. Question: la grandeur d'âme placée au
service d'une cause intrinsèquement perverse n'est-elle
paradoxalement plus nocive du fait même du respect humain qu'elle
entraîne: les commandos britanniques dans le désert lybien se
targaient "d'avoir fait un rommel" lorsqu'ils étaient décorés pour
un fait d'arme particulièrement audacieux réussi. Erwin Rommel le
perçut sur le tard et en conçut un sentiment de défaite humaine
personnelle.
Mais encore. D'où vient-il que les paroles prononcées à Wiener
Neustadt en 1938 paraissent à ce point insolites de nos jours? La
fonction de leadership aurait-elle a ce point été modifiée?
Lu dans:
Erwin Rommel. La Guerre sans haine. Nouveau Monde Editions. 475 pages. 2010
B. Lemay, Rommel, Perrin, 2009.
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