« Le poids, c'est de la peur. »
Jean-Christophe Ruffin
La désinvolture avec laquelle le marcheur néophyte fourre dans son sac
des objets variés et souvent superflus, sans penser ni à leur volume ni à
leur poids, fait sourire: c'est que, au fil des étapes, le marcheur
apprend à peser, au propre comme au figuré, chacun des éléments qu'il
emmène. Le poids, c'est de la peur, l'objet rassure en emplissant le
vide de notre angoisse de possession. Un pull-over est nécessaire,
pourquoi en emporter deux? De quoi a-t-on si peur? Est-ce le froid qui
est vraiment si menaçant ou l'inconscient qui pèse de tout le poids de
nos névroses ? La réflexion peut s'étendre aux peurs de toute une
existence, à tout ce que l'être humain littéralement porte sur son dos,
objets, projets, contraintes. Tenter de s'alléger et soulever avec moins
d'efforts le sac de marche d'une vie est un vrai projet.
Lu dans:
Jean-Christophe Ruffin. Immortelle randonnée. Editions Guérin Chamonix. 2013. 264 pages. Extrait pp. 219, 256
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