05 décembre 2012

Une décennie de paix


"(..) pour la violence internationale, les guerres proches ou lointaines, les télespectateurs que nous sommes sont persuadés que le monde est à feu et à sang. Or ce n'est pas toujours vrai. Les guerres sont plus "visibles" en temps réel, mais il peut arriver que leur intensité diminue. Si l'on quantifie en nombre de morts la violence guerrière, (..) la décennie 2001-2011 aura été la moins meurtrière que le monde ait connu depuis plus d'un siècle. Entre 2001 et 2011, les différentes guerres (Irak, Darfour, Afghanistan, Congo, etc.) ont fait moins d'un million de morts en dix ans. Le chiffre glace le sang, mais il n'est rien si on le compare à celui de la décennie précédente soit les années 1990-2000 (Tchétchénie Rwanda et Grands Lacs), ou à celui des années 1980  (Irak-Iran, Erythrée, intervention soviétique en Afghanistan), ou encore à celui des années 1970 (Vietnam, Cambodge, Angola, Bengladesh). Il faut remonter à la période 1815-1840, celle qui suit les hécatombes des guerres napoléoniennes, pour retrouver un étiage de victimes aussi bas que durant les années 2001 à 2011. Imaginons un grand journal ou une chaîne de télévision qui titrerait: Le monde connaît une accalmie sans précédent depuis un siècle: (..) il serait jugé irresponsable ou provocateur."
Jean-Claude Guillebaud.

Lu dans:
Jean-Claude Guillebaud. Une autre vie est possible. L'Iconoclaste. 2012. 215 pages. Extrait pp. 193-195 

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