"- C'est d'avant toi, tout ça, avait-il dit en se penchant sur cette machine à écrire dont il commençait à visser le clavier. Puis il faisait fonctionner le tabulateur, glissait une feuille de papier dans le tambour qu'il tournait et elle surgissait, blanche, vierge. Mon père commençait à nettoyer la machine, astiquant chaque touche, caressant le bâti métallique jusqu'à ce qu'il brille. - Comme neuve, disait-il en se reculant. Il ne la quittait pas des yeux, m'expliquant qu'elle était destinée à la casse, qu'elle avait donc été rayée de l'inventaire du matériel. Puis il l'avait soulevée, l'avait tournée et poussée vers moi. - Elle est pour toi. Tu peux gagner de grandes batailles avec ça. (..) Et, agenouillé devant elle, j'ai frappé, touche après touche, doigt après doigt, mes premiers mots italiens: « Mafalda divina commedia. » Ainsi a commencé ma deuxième vie.
Max Gallo
Comme le résume bien François Busnel dans L'Express de ce mois, "c'est le livre que l'on n'attendait plus et qui, pourtant, explique tous
les autres. Max Gallo signe, à 80 ans, ses Mémoires. Il trouve le ton
juste pour raconter ses failles et ses fêlures.." Aujourd'hui à la tête
d'une bibliographie qui compte une centaine de titres, membre de
l'Académie française, ancien porte-parole de François Mitterrand, ancien
député de sa ville natale, ancien patron de presse, cet historien n'a
rien oublié de ses origines d'Italien immigré à Nice, fils d'ouvrier
n'ayant autre horizon qu'un bac technique. Intime des grands intellectuels
de son temps (qui furent aussi de grands écrivains) : l'ombre de
Jean-François Revel et de Raymond Aron plane sur ce beau livre qui se
dévore comme un thriller.
Lu dans:
Max Gallo. l'oubli est la ruse du diable. Edtions XO. 2012. 397 pages. Extraits pp.168, 165.
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