"Je ne m'endormirai que si d'autres veillent."
Paul Eluard
Soir de 11 novembre. Si on tend l'oreille, l'écho du Last Post se
répercute jusqu'aux murs de mon bureau silencieux. La maison a retenti
ce matin des cris et des sauts de nos petits-enfants. Me revient en écho
l'image sépia d'un grand-père revenu malade d'une guerre de tranchées
sur l'Yser, et que je ne connus pas. Si peu de générations séparent ces
rires et cette vie hypothéquée, ces enfants rieurs et ce Poilu qui
partit selon toute vraisemblance avec optimisme pour une guerre qu'on
croyait courte. La semaine passée, deux de nos petites-filles
sautillaient entre les tombes, trouvant que "c'était beau un cimetière,
avec plein de fleurs partout, et des feuilles couleur or qui volent
partout". Ce passé qui prend la main de l'avenir donne une texture à nos
journées.
Lu dans:
Eluard cité par David Lelait-Hélo. Sur l'épaule de la nuit. Editions Anne Carrière. 2010. 175 pages. Extrait p. 158
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