"Dormeuse, amas doré d'ombres et d'abandon."
Paul Valéry
Seul dans le cabinet silencieux, je me surprends à observer la pleine
lune par un interstice du rideau. Elle veille sur les rêves de tant de
personnes chères, dans les bras de Morphée à l'heure qu'il est. Sur
notre fils Benoît endormi au pied du mont Simandou en Guinée, sur nos
mômes si pleins de vie, et sur tant d'autres que nos vies croisent.
Leurs rêves rejoindront les miens dans quelques minutes, comme le
souffle Claude Roy :
"Tu traverses mon rêve sur la pointe des pieds
un doigt sur la bouche « Ne te réveille pas»
Je réponds dans mon rêve «Je ne dors pas je rêve»
Tu dis à voix basse «Est-ce moi qui rêve que tu dors?
Ou bien toi qui ne dors pas et je te parle en vrai? »
(..) Allez savoir où est la vraie Toutes le sont
et même celle de l'absence."
le Haut Bout . 25 septembre 1983
Lu dans:
Claude Roy. A la lisière du temps. Les passantes du rêve. NRF Gallimard. 208 pages. Extrait pp. 166,167
Claude Roy. A la lisière du temps. Les passantes du rêve. NRF Gallimard. 208 pages. Extrait pp. 166,167