"La gloire est le deuil éclatant du bonheur"
Madame de Staël
Une longue réflexion de Cathérine David joliment baptisée "Les violons sur le moi" scrute les motivations à "arriver là-haut, sur le podium, en haut des marches, sur la scène illuminée". "Les gens célèbres veulent bien être aimés, craints ou admirés, au fond peu importe. Mais surtout, ils veulent être célèbres. Et le rester." Critique littéraire durant trente-six ans au Nouvel Observateur, l'auteur note finement qu'i1 faudrait être une très vieille âme ou un véritable Julien Gracq pour rester tout à fait sain d'esprit en dépit de tous les signes de l'adoration publique.
Revient en mémoire cette séquence d'"Une femme qui s'affiche" ("It Should Happen to You") de George Cukor mettant en scène une jeune Américaine moyenne dont l'idée fixe est de voir son nom en très grand sur les murs deNew York, qui devient célèbre et se rend dans un magasin de tissus, juste en face de son affiche. Elle achète trois mouchoirs et demande à payer par chèque, de manière que la caissière reconnaisse son nom. "Gladys Glover ? Pas possible ! C'est bien vous ?" Oui, c'est bien moi, répond-elle modestement. Aussitôt, les clientes se bousculent autour d'elle pour tenter d'obtenir des autographes sans que personne ne sache ni ne songe à demander pourquoi elle est si connue. On a évoqué avec pertinence le terme de "société du reflet", demeuré d'actualité.
Lu dans :
Splendeurs et misère de la gloire. Eric de Bellefroid. La Libre Belgique du 31 mai 2010. Supplément Lire. Pages 2 et 3
Les Violons sur le moi. Pourquoi la célébrité nous fascine. Cathérine David. Denoël. 2010. 98 pages.
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