18 novembre 2009

"Je préfère Trouville à Deauville."
P. Delerm
 Ou comment parler de soi sans le dire. Dans un morceau d'anthologie Philippe Delerm s'attarde sur la forme de coquetterie qui fait énoncer "qu'on préfère Trouville à Deauville", les deux stations jumelles qui constituent la sortie du dimanche des Parisiens, et qu'on visite usuellement lors d'une même sortie. A Deauville le luxe un tantinet ostentatoire. À Trouville, quelques ruelles en pente derrière le front de mer, la jovialité revendiquée du marché au poisson, moins de place, un resserrement des terrasses justifieront la prétention à la simplicité. De part et d'autre néanmoins un casino, des tarifs élevés, le bronzage en hiver. Comme le souligne malicieusement Philippe Delerm, on n'évoque pas deux villes "en affirmant je préfère Trouville à Deauville: on parle de soi. De ce petit raffinement d'autosatisfaction qui donne la préférence aux choses plus simples, de cette qualité d'âme qu'on se prête, de cette sensibilité à ce qui est moins connu, moins spectaculaire, moins
luxueux. Avec Trouville et Deauville, on a juste sous la main, à portée d'autoroute, l'occasion d'affirmer sa finesse, son goût pour le jardin japonais. J'aime le vrai et le subtil. Je suis bien trop modeste pour l'affirmer ex abrupto. Je préfère Trouville à Deauville."
  
Lu dans
Philippe Delerm. Ma grand-mère avait les mêmes. Ed.Points 2008. 96 pages. Extrait p.33

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