30 novembre 2009

Barbares, et moi et moi

«Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie.»
Montaigne. Des cannibales (cité par Hubert Nyssen)

"L'ethnologue Lévi Strauss ne peut ignorer le remords d'appartenir au monde qui se rendit coupable d'en massacrer un autre. On n'a qu'une idée imprécise de la démographie d'Amérique latine à l'époque des Conquistadores, mais un exemple permet d'en mesurer l'échelle. Dans l'île autrefois nommée Hispaniola, aujourd'hui partagée entre Haïti et Saint-Domingue, les indigènes étaient environ 100.000 en 1492 ; un siècle plus tard, ils n'étaient plus que 200 ! En revanche, malgré ses interminables guerres intestines, l'Occident ne cessa de croître et de s'enrichir."

Un curieux hasard fait se télescoper dans une même journée ces passages qui se répondent dans deux ouvrages distincts dont la lecture m'a enchanté. Que cinq siècles séparent Montaigne de Levy Strauss ne me trouble guère: ces deux-là se seraient entendus comme larrons en foire.

Lu dans
Hubert Nyssen. Ce que me disent les choses. 2009. Actes Sud. 209 pages. Extrait p.155
Cathérine Clément. Claude Levi Strauss. PUF. Que sais-je? 2002. 125 pages. Extrait p. 11.

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