«Sarmacande, le plus beau visage que la terre ait jamais tourné vers le soleil»
Omar Khayyâm
Le nom vous dit quelque chose? Vraisemblablement aurez-vous vu le roman Samarcande, d'Amin Maalouf, en vitrine mettant en scène Omar Khayyam (qui y vécut de 1072 à 1074 avant de s'installer en Iran). A moins que lecteur de BD, vous n'ayez lu d'Hugo Pratt le Corto Maltese La Maison dorée de Samarcande. L'UNESCO a célébré son 2750ème anniversaire , ville de passage éternelle entre le monde turc et le monde persan. Je suis tombé en arrêt sur cette cité mythique de 400.000 habitants en lisant sa description dans le dernier ouvrage de Bernard Ollivier.
"La place du Registan, d'abord, qui transporte dans les contes des Mille et Une Nuits qui l'aborde. Ici, le bleu est roi : turquoise, myosotis, azur, outre-mer, céruléen, pervenche, saphir... Cherchez bien dans vos mémoires, ils y sont tous. Les murs du paradis, d'après l'Apocalypse de saint Jean, n'étaient-ils pas faits de saphir?
La cité, après l'invasion arabe, devient une ville prospère, nantie de palais et de caravansérails somptueux. Elle est alors le premier centre de papeterie du monde arabe, fournissant même le monde chrétien. Mais c'est Timour Lang - Tamerlan -, grand conquérant turco-mongol, lointain descendant de Gengis Khan, qui choisit Samarcande comme capitale de son empire et, protecteur des arts (il fut aussi un tyran sanguinaire, amateur de pyramides montées avec les crânes des habitants qu'il avait massacrés, deux faces opposées d'un même homme.. .), fit appel aux artisans les plus doués de Perse, d'Inde et d'Asie centrale. On ne saurait aller à Samarcande sans visiter son mausolée, le Gour Emir, et la mosquée que fit construire Bibi Khanim, sa favorite. Mosquée somptueuse, aussi belle que l'était Bibi. La favorite était en effet si éblouissante, dit-on, que l'architecte pressenti, follement amoureux d'clIc, refusa de terminer l'édifice si elle ne lui accordait pas un baiser. Baiser refusé qui coûta cher au beau bâtisseur, car à son retour Tamerlan le fit proprement décapiter. C'est alors que le tyran, décrétant que la beauté des femmes est une provocation permanente pour l'homme, instaura le port du voile."
Lu dans:
Bernard Ollivier, François Dermaut. Carnets d'une longue marche. Phébus. Points. 2005. 154 pages. Extrait pp.108-109
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