"De guerre lasse, j'ai fini par me laisser convaincre qu'Halloween n'était pas uniquement une mascarade commerciale à l'américaine, mais puisait ses sources dans les fêtes celtiques célébrant le passage du monde de la lumière à celui de l'ombre."
Armand Lequeux
Rentrant d'Irlande à l'instant, les yeux piquent encore de la
luminosité particulière de ses paysages sublimes alternant brume
et soleil... et de l'omniprésence d'Halloween. Au point de
reconsidérer l'appréciation négative que nous avions de cette fête
parfois considérée comme dévoyée. Intégrer la mort dans une sorte
de parodie joyeuse, tenir à distance les peurs qu'elle suscite en
se grimant, derrière des masques, des citrouilles évidées, des
chapeaux de sorcières aux cris sardoniques, quêtant des
friandises de porte en porte en menaçant de jeter un sort... Bref
exorciser la peur en éclairant nos rues soudain redevenues
farceuses ne constitue-t-il pas la plus belle des préparations à
la Toussaint, où ces mêmes sentiments se revivent, apaisés,
partagés religieusement en famille dans le respect de ces ancêtres
parfaits dont l'exemple devrait nous imprégner encore? Et
posons-nous la question qui fâche: si, morts, nous est donnée la
chance d'un bref retour parmi ceux qu'on aime , où irions-nous?
Avec les gosses déguisés en diables demandant des bonbons en
sonnant aux portes, dans les rires et les grimaces, ou dans nos
tombes espérant voir arriver vers 11 heures un chrysanthème
promenant un humain, ayant parfois oublié la route jusqu'à notre
nouveau logement? Une petite prière, une larme furtivement
écrasée, trente ans déjà, tu te rends compte, le temps passe vite,
on époussette la dalle des feuilles ocres qui s'y incrustent, on
se promet de revenir l'an prochain, rassurés : nos morts vont
bien.
Lu dans:
Armand Lequeux. Quand fleurissent nos cimetières. LLB. 31 octobre
2024.
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