"Il y a en effet en Allemagne un nombre non négligeable d'antinazis sincères qui sont plus déçus, plus apatrides et plus vaincus que les sympathisants nazis ne l'ont jamais été. Déçus parce que la libération n'a pas été aussi complète qu'ils se l'étaient imaginé, apatrides parce qu'ils ne veulent se solidariser ni avec le mécontentement allemand (..) ni avec la politique alliée dont ils contemplent avec consternation l'indulgence envers les anciens nazis. Et enfin vaincus parce qu'ils se demandent s'ils peuvent avoir une part quelconque à la victoire finale des alliés tout en portant une part de responsabilité dans la défaite allemande en tant qu'antinazis. (..) Ces gens-là sont les plus belles ruines de l'Allemagne mais, pour l'instant, elles sont aussi inhabitables que toutes ces maisons démolies entre Hasselbrook et Landwehr qui dégagent une odeur âcre et amère d'incendies éteints dans le crépuscule humide de cet automne ."
Stig Dagerman
Superbe description du malaise ressenti par les opposants dans
une nation vaincue, décrite par Stig Dagerman, envoyé en Allemagne
en 1946 pour témoigner pour son journal des dégâts de la guerre.
Il publie "Automne allemand", et arrête d'écrire. Surimpression
tragique de ces opposants actuels dans des pays entraînés dans des
conflits sans fin et dont ils ne partagent pas les objectifs.
Lu dans:
Stig Dagerman. Automne allemand. Philippe Bouquet (Traducteur).
Actes Sud 2004. 164 pages
1 commentaire:
Votre billet me fait chercher Dagerman sur Wikipedia et j'y lis ceci dans un très beau texte, "Le destin de l’homme se joue partout et tout le temps", si actuel (en illustration) : "Je crois que la solidarité, la sympathie et l'amour sont les dernières chemises blanches de l'humanité."
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