« Et chaque fois qu’il y a du temps qui passe, il y a quelque chose qui s’efface »
Lisette Lombé
Oublier, c'est trier. Dégager de l'espace pour des sensations neuves,
de nouvelles rencontres, de nouveaux projets. L'anxiété produite par la
perte de souvenirs paralyse, alors que c'est une opportunité: garder
ceux qui nous sont utiles pour l’avenir, et repousser ceux qui nous
empêchent d’être libres et créatifs. Il s’agit de trouver un juste
équilibre entre devoir de mémoire et droit à l’oubli. Nul n'a mieux
décrit ceci que l'écrivain argentin Jorge Luis Borges, qui imagine
Funes, le mémorieux, personnage fascinant en raison de son hypermnésie,
mémoire absolue, se souvenant de chaque détail de chaque instant de sa
vie, sans le moindre oubli. Cette mémoire totale devient à la fois un
don et une malédiction, dans l'incapacité où il se trouve de filtrer ou
de hiérarchiser ses souvenirs, submergé par l'énormité de l'information
qu'il garde en mémoire. On n'oublie pas, on s'allège.
Lu dans:
Lisette Lombé, 10ème Arte). À hauteur d’enfant. CotCotCot. 2023. 44 p.
Jorge Luis Borges. Funes, el memorioso (Funes, le mémorieux). Ficciones.
publiée pour la première fois en juin 1942 dans La Nación puis en 1944
dans le recueil Fictions .
1 commentaire:
Positive, cette vision de l'oubli ! Merci, j'y repenserai, si je n'oublie pas.
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