"Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur et le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et
Certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amis."
Paul Éluard
Aux images de violence extrême diffusées hier par France 2 dans son
journal du soir, la lecture d'Eluard peut-elle servir d'antidote?
Lorsque elles percolent dans nos têtes, il est bien difficile d'effacer
ces scènes de cruauté qui interpellent sur l'être humain: eux et nous
sommes pourtant de la même nature. Le même jour, en consultation, pour
apaiser l'anxiété d'une petite patiente apeurée avant un vaccin, je lui
avais endormi le point d'injection à la xylocaïne, elle en avait
retrouvé le sourire. Ce geste simple me paraît soudain dérisoire face à
ce que subissent au même moment d'innocentes victimes du même âge en
Palestine. Méfions-nous: ne secrétons-nous pas une violence du même
ordre, bien tapie en nous, que les circonstances de la vie pourraient
réveiller?
Lu dans:
Paul Eluard. Au rendez-vous allemand. Gabriel Peri. Paris. Éditions de Minuit. 1945.
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