"Le visage d'une personne dont les traits n'ont pas subi la
distorsion minime que leur imprime la moindre émotion, et avec
laquelle avant tout autre échange on n'échange qu'un regard, est
proche encore du museau de l'animal alerté, de la tête d'oiseau qui
a perçu un mouvement et qui épie. Que se passe-t-il quand ce visage
sourit ? Comme pour le lever d'un rideau de théâtre, un ensemble
complexe de treuils, de tringles, de poulies et de fils est mis en
mouve ment par un machiniste qui demeure invisible. (..) Avec le
sourire, la chair se plisse de courbes, s'enfle de rondeurs,
s'illumine, tend à s'immatérialiser. (..) Leur rayonnement agit
comme un déclic. Communicatif, il se propage aux alentours attisés
soudain du même pétillement. Quelque chose se débloque, se dénoue,
se dilate."
Patrick Devret.
Qu'est-ce qui émeut dans le premier sourire d'un bébé, si ce n'est le
sentiment que - déjà - il communique . Le sourire n'est pas, comme son
lointain cousin le rire, lié à la joie ou au comique, il est
communication.
Lu dans:
Patrick Devret . Le sourire. Gallimard NRF 1999. 200 pages.
Extrait pp.8-9
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